Créée en 2018, Concilys est un fonds de liquidités constitué par de jeunes entrepreneurs qui, soutenus par leur école de commerce, prétendent vouloir révolutionner le marché du recouvrement.
Le monde du recouvrement comprend désormais un nouvel acteur : Concilys. La start-up nordiste a fait le pari audacieux de proposer directement aux agents du recouvrement (et tout particulièrement aux huissiers de justice) de travailler sur les profils de débiteurs faiblement endettés et "accidentés de la vie" qu'ils ont en portefeuille. Jusque là, pas de réelle différence avec les courtiers en refinancement qui se succèdent aux portillons des études, à un détail près qui change (radicalement) la donne : Concilys solde sur ses propres fonds.
Comment ça marche ?
Concrètement, Concilys utilise la méthode du portage temporaire de risque financier. Il s'agit de solder directement le dossier du débiteur entre les mains de l'huissier afin de le libérer du recouvrement. Concilys devient alors créancière et peut sereinement accompagner le débiteur dans l'assainissement de sa situation financière en vue de trouver une solution de refinancement définitive.
Cette méthode n'est pas nouvelle en son principe mais l'innovation se situe dans la démocratisation du concept, en permettant aux petits endettements contentieux (moins de 10 000 €) d'accéder à la solution, notamment grâce à un outil numérique qui facilite la gestion des dossiers sans négliger l'accompagnement humain.
Autre particularité, son caractère solidaire : Concilys s'est engagée auprès d'investisseurs régionaux sur une charte qui l'oblige à ne jamais recouvrer selon les méthodes "classiques" ses créances (sauf cas de mauvaise foi du débiteur). L'accompagnement vers le refinancement définitif reste et demeure le principe.
Quel intérêt pour les huissiers ?
Selon le responsable du développement de Concilys, le fait de solder régulièrement des dossiers tous les mois auprès des mêmes huissiers a fini par transformer la relation de ces derniers avec leurs clients-créanciers (surtout les banques) qui demandent précisément des remontées de trésorerie selon des objectifs mensuels. Sans compter que Concilys intervient également sur des débiteurs fichés FICP.
Côté utilisation, le service est on-ne-peut plus simple : Concilys fournit une feuille de redirection à l'étude au format PDF sur laquelle tous les éléments d'information et de prise de contact sont spécifiés. Ne reste plus qu'à la remettre aux débiteurs. Aucun problème lié au RGPD ne saurait surgir de cette procédure puisque le débiteur prend lui-même l'initiative de contacter Concilys.
Quel suivi pour l'huissier-apporteur ?
En tant qu'apporteurs privilégiés d'affaires, les huissiers-partenaires de Concilys bénéficient aujourd'hui d'un outil de suivi numérique interactif mis à jour en temps réel.
Il prend la forme d'un tableau disponible dans un espace dédié à l'étude et gardé par un mot de passe. L'huissier (ou le gestionnaire en charge) y trouve la liste de ses débiteurs, les références associées, le montant proposé pour solde de tout compte, la date de versement, un espace d'échange dans lequel l'huissier peut formuler ses remarques et, bien sûr, la réponse définitive de Concilys.
Dès qu'un accord est ferme, le solde intervient sous quinze jours.
Et en pratique ?
En pratique, Concilys a déjà réussi une bonne entrée en matière en constituant son réseau d'huissiers et en intégrant le programme SKEMA Ventures Factory. Un "pitch" de leur concept est d'ailleurs prévu avec les jeunes pousses de l'école le 4 juin prochain à l'INRIA (institut national de recherche dédié aux sciences du numérique).
Mais malgré la réussite de leurs premiers dossiers (une trentaine de foyers ont pu reprendre une vie normale avec l'intervention de Concilys depuis décembre dernier) l'équipe garde la tête froide : "on ne s'enflamme pas, le projet est pour l'instant limité aux huissiers des Hauts-de-France et à quelques acteurs belges. Avant de pouvoir réaliser notre objectif et dynamiter les codes de ce marché on sait qu'il faut réussir ce premier challenge ici" (Étienne Mailly, responsable du développement).